Retour sur le trail nocturne du raid normand 2013 .

Et voilà c'était la dernière course de préparation avant le GRP dans 2 mois. Bien sur les bords de Seine ne se comparent pas au Pic du Midi, encore qu'il y a de beaux petits tape cul. Mais le gros intérêt de cette course réside dans le fait qu'elle se déroule la nuit.

Après avoir manger une belle assiette de pâtes avec Audrey et Nico nous sommes allés à Duclair pour récupérer mon dossard et prendre le départ à 22h. La course est aussi l'occasion pour mon futur fan club de se préparer au GRP fin août.

La semaine a été longue et fatigante (ça se voit grâce aux magnifiques cernes), et cela ne va pas s'arranger !

Le briefing d'avant course est l'occasion pour moi de me rendre compte que je ne suis pas le seul geek du trail. On ne compte plus les tenues complètes (de la casquette aux baskets) d'une grande marque française commençant par un "S", les manchons de compression (dont moi, aux cuisses) et les frontales Nao, qui soit dit en passant apporte un réel confort aux bébètes la nuit que nous sommes.

Bref, c'est l'occasion de rigoler un bon coup avant le départ, Audrey me comprendra surement...

Le briefing est surtout le moment au cours duquel les organisateurs nous transmettent les consignes de sécurité et en particulier celles liées au balisage. Deux balises à droite, il faut prendre à droite à l'intersection; deux balises à gauche, il faut prendre à gauche. Ca à l'air simple comme ça hein ? On en reparlera...

Petite particularité cette année, s'agissant des 20 ans de l'association organisatrice du Raid Normand, tout le week end est consacré à divers sports, un raid junior, la marche nordique, le trail nocturne (30km et 50km) et le Raid Normand à proprement parler. Pour ces derniers la course à commencer le matin même avec un peu de vélo, du canoe, et se poursuit dans la nuit avec un parcours d'orientation.

Seconde particularité de cette année, le départ est donné dans l'enceinte du stade de Duclair alors que l'année dernière nous partions de la place de l'hôtel de ville. Je trouve que cette nouveauté est à conserver car elle nous permet d'être plus à l'aise que dans la salle des fêtes et permet d'avoir un vrai "village départ".Petit plus, les participants et leurs accompagnants pouvaient planter la tente sur l'herbe verte pour passer la nuit !

Avec quelques minutes de retard, le départ est donné aux participants du RAID, de la marche nordique, du 30km et du 50km du trail nocturne. Le parcours du 50 sur lequel je suis aligné a quelque peu évolué cette année mais pas de grande révolution. Le tracé est composé d'une boucle, dans un milieu forestier avec un dénivelé d'environ 1000m positif, le tout surplombant les boucles de la Seine. Deux ravitaillements sont également proposés aux kilomètres 17,5 et 34,5.

La première partie n'a pas connu de modification, le départ mis à part. Tous groupés, nous nous engageons sur les chemins et sentiers forestiers. Les concurrents du Raid sont les premiers à nous quitter.

C'est au 10e km que les parcours du 30km et du 50km se séparent provisoirement alors que la nuit est quasiment tombé. Pour la première fois nous nous retrouvons "seuls". Avant la scission nous étions un petit groupe d'une dizaine de coureurs, nous sommes désormais 2 puis 3.

J'ai allumé ma frontale depuis un moment déjà mais il y a encore quelques irréductibles, des papillons de nuit... Ce sont des coureurs qui, pour je ne sais quelle raison, portent une frontale sur la tête mais ne l'allume pas, préférant coller à leurs voisins qui eux l'ont mis en marche. C'est rigolo 30 secondes mais à trop se coller ça en devient embêtant, ridicule et risqué.

Environ 2km avant le ravitaillement, nous retrouvons les collègues du 30km. C'est donc à nouveau groupé que nous atteignons ce premier poste, encore animé à cette heure (autour de minuit). Après avoir avalé un jus de fruit orange- pamplemousse (un poil acide peut être),quelques biscuits salés, je repars pour une boucle de 17km qui me ramènera à ce même point de ravitaillement 2h20 plus tard.

Cette partie a subi quelques modifications qui ont conduit à la rendre plus roulante, c'est du moins mon impression. Nous empruntons moins les pentes pour privilégier la partie basse. Nous longeons d'ailleurs régulièrement la route du trait. Au 25e km nous atteignons l'extrémité ouest du parcours à Saint Wandrille, retour vers Duclair...dans 25km !

Cela fait maintenant 2h39 que je cours et tout va encore bien.

Après une descente assez raide, je sens que ça ne tourne pas rond dans mon estomac. Je connais bien cette sensation, c'est le syndrome du "je suis le seul homme au monde qui ne sache pas roter !!" . Je n'en suis pas encore au point de ne plus pouvoir mettre un pied devant l'autre mais si je ne fais rien cela arrivera forcément. Je laisse donc partir un concurrent qui était juste devant moi et je provoque des spasmes pour évacuer l'air. Rapidement "j'évacue" le problème et repart. Je bois plusieurs gorgées d'eau et repart pour finir la montée qui se présente à moi.

Au sommet je rejoins un chemin forestier sur lequel je vois 4 coureurs passer en venant de la droite. Perplexe, je me dis qu'il doit s'agir des participants du Raid. Second sujet de doute, il n'y a pas le fameux balisage indiquant la direction. Pas de double balise ni à droite ni à gauche. A droite c'est le noir complet, à gauche je vois les 4 coureurs s'éloigner... Je bascule ma frontale sur l'éclairage le plus puissant et finit par apercevoir une balise réfléchissante au loin sur la gauche. Rassurer je reprends la course.

Au bout de quelques centaines de mètres je déchante, j'ai des crampes dans les quadriceps des deux jambes !!! Je réalise alors qu'à cause de l'air dans l'estomac je n'ai pas suffisamment bu et j'en paye maintenant le prix. Je sors du parcours pour m'appuyer à un arbre et faire quelques étirements, j'ai encore plus mal qu'en courant ! Je prends alors le temps de boire de l'eau, en grande quantité, et repars bon an mal an. Les premiers mètres sont hésitant mais les sensations reviennent.

Un coup d'oeil à ma montre m'apprend qu'il reste moins de 3km avant le ravito, je pourrai me requinquer là bas avant la dernière ligne "droite".

C'est alors que j'ai une curieuse sensation de déjà vu alors qu'un double balisage à gauche m'indique qu'il faut tourner. Au moment de changer de direction je suis bien obligé de me rendre à l'évidence, je suis déjà passé par là. Je rencontre à nouveau le coureur qui était juste devant moi avant mes petits problèmes d'estomac qui lui aussi a cette impression. Un coup d'oeil à l'appli GPS de son téléphone nous confirme qu'effectivement nous sommes déjà passés par ici. Quelques minutes après un troisième coureur nous rejoint, il est formel, lui n'est jamais passé par ici.

Le doute n'est plus permis, nous avons fait du rab.

Nous cogitons quelques minutes afin d'essayer de déterminer où nous avons pu nous tromper et finalement nous repartons tous les 3. A nouveau la grande descente et l'endroit où j'ai évacué l'air de mon estomac. Tout de suite après une balise à droite...suivi d'une seconde !! Voilà la bifurcation que nous avons manqué.

Lors de mon premier passage je n'étais pas en super forme et des fougères m'ont empêché de voir la seconde marque indiquant le changement de direction.

A ce moment j'ai un peu le moral dans les chaussettes et me demande si je ne vais pas abandonner au prochain ravitaillement... Heureusement pour moi je vais arriver au ravitaillement situé 2,5km plus loin avec une relative fraicheur. Relative parce qu'après 37,7km on est forcément un peu fatigué, mais je suis en bien meilleur état que l'année dernière lorsque j'avais abandonné au même endroit.

Petite pensée pour les bénévoles présentes sur ce point de contrôle. Je les vois encore sur leurs sièges toutes emmitouflées sous je ne sais combien de couches de polaire. Pour moi qui suis en tee shirt, sans avoir froid, c'est assez drôle mais le fond de l'air est froid pour la saison. J'apprends par la même occasion que j'ai perdu entre 15 et 20 places depuis le précédent ravito alors que je ne me souviens avoir été dépassé que par deux personnes...résultat de ma petite incursion hors du parcours.

Un morceau de banane, trois verres d'eau et ça repart !

Cette section m'est totalement inconnue étant donné que j'avais abandonné l'année dernière. Par moment nous traversons des zones non boisées où se forment des nappes de brouillard au travers desquelles je ne distingue pas grand chose malgré la lumière de la frontale. Même si j'ai bien mangé et bu depuis que j'ai eu mes petits problèmes gastriques, j'ai un petit moment de faiblesse vers le 40e km et commence à trouver le temps long. Pour ne pas trop ralentir et garder le moral, je vais alterner des phases de course de 2km avec des phases de marche de 200m. Pendant ces phases de repos, je me force à manger quelque chose et à boire plus abondamment ce qui me permet de garder un bon rythme. J'ai aussi glissé les écouteurs sur les oreilles pour écouter ACDC, Lenny Kravitz et compagnie.

Tout va bien dans le meilleur des mondes, je me dirige tranquillement vers l'arrivée. Je pense déjà à la douche. Mais c'est en atteignant les maisons situées sur les hauteurs de Duclair qu'à nouveau, je perds le balisage alors que je suis sur une route forestière très large qui se termine sur un carrefour tout aussi large. A droite, à gauche, tout droit, je ne vois aucun marquage. Je décide de faire demi tour afin de m'assurer que je n'ai pas loupé un virage. Au bout de 300m j'aperçois une frontale qui vient vers moi, je dois être sur la bonne route.

Je repars en décidant de prendre tout droit, conformément à la consigne donnée par l'organisation : "pas de marquage = aller tout droit".

Quelques temps plus tard j'arrive sur un carrefour où il y a une barrière sur laquelle figure une petite affiche indiquant de faire attention aux coureurs. JE NE SUIS PAS PERDU !

Mon soulagement est de courte durée, il n'y a pas de marquage pour m'indiquer la direction. Toujours selon le même principe je pars tout droit en trottinant histoire de permettre au concurrent derrière moi de me rattraper. Quelques centaine de mètres plus loin, nouveau croisement et pas de balise. C'est sur, je suis encore perdu...

Je m'arrête et attend mon collègue coureur. Lui aussi a une appli gps sur son téléphone grâce à laquelle nous pouvons faire le point. La route que nous suivons nous éloigne de l'arrivée, alors qu'en principe nous devons y arriver par un sentier qui abouti à la porte du stade. Nous décidons donc de prendre à droite, dans ce qui semble être une impasse dans l'espoir de retrouver la trace, quitte à couper à travers champ. Heureusement pour nous l'impasse se termine sur le sentier qui va directement au stade ! J'ai encore rallongé la distance mais cette fois c'est la fin !

Il est environ 4h20 quand nous déboulons du sentier et que des bénévoles nous indiquent l'entrée du stade. Nous passons devant les tribunes où les concurrents arrivés avant nous prennent leur petit déjeuner et nous applaudissent.

Le temps de pointer auprès des bénévoles emmitouflées et direction le ravitaillement. Le petit déjeuner est copieux, café, chocolat, tartines, grillés au pommes... Je me pose quelques minutes avec les autres coureurs pour me changer et manger un morceau. C'est maintenant à mon tour d'applaudir les autres.

Mention particulière pour un coureur, Michel je crois, qui réalise une belle roulade avant sur la ligne d'arrivée !

L'aube est déjà là, il est temps de rentrer chez Audrey et Nico pour une bonne douche et un dodo !